J’ai longtemps cru qu’en
amour, il ne pouvait y avoir un mot plus haut que l’autre. La parfaite
complicité, la compréhension systématique, l’échange calme et entendu, l’accord
permanent, la douceur, et ils vécurent heureux bla bla bla. La perfection.
Sans cet accord
systématique, je devais faire fausse route. Tout n’étant pas parfait. En
réalité, j’ai longtemps cru que dispute était égale à désamour. Risque. Rupture
imminente.
Et dans une certaine
mesure, je n’avais pas tort, puisque c’est ce qu’il résultait de mes
expériences.
Comment aurait-il pu en
être autrement ? A chercher à tout prix une espèce de « fondue »
des esprits, chacun finit par fondre justement et perd de sa consistance, de sa
substance, en particulier moi qui
cherchais à coller aux désirs de « l’autre », pour ne pas être
désavouée.
Aussi fort soit l’amour
que l’on porte à l’autre, agir par peur de le perdre et aménager son comportement en fonction de
cela, mène inévitablement à une double perte. Celle de l’autre et sa propre
perte.
Plus dure est la chute
pour celui/celle qui pense avoir tout donné, tout fait pour préserver son
amour, sacrifiant jusqu’à sa personnalité sur l’autel de l’aimé, (qui n’en
demandait peut-être pas tant), et se perdant lui/elle-même en chemin.
Que reste-t-il de leurs
amours… une enveloppe vide et sans force, qui peine à se tenir debout, ayant le
sentiment de ne plus être, que l’autre est parti avec tout ce qui la
constituait, tout ce qui faisait sa consistance.
Un cocon vide, une régression,
un embryon de douleur, un invertébré qui rampe dans l’humidité de ses larmes,
un spectre, une agonie sans fin.
Allez vous relever après
ça.
Je pense que beaucoup de
problèmes sont le fait de questionnements et de modes de raisonnement mal
élaborés, un dysfonctionnement dans notre schéma de pensée.
Ainsi donc, moi qui
pensais que pour être sereine et entière, il ne fallait pas perdre celui que
l’on aime, en suis venue à penser que pour être sereine et entière, il ne faut
pas avoir peur de perdre celui qui
nous est le plus cher, et je réalise
qu’à vrai dire, il faut plutôt, au risque de perdre celui qui nous est
le plus cher, être sereine et entière.
C’est une énorme
différence.
Garder sa
« structure », son armature, ce qui nous construit, pour ne pas
s’écrouler quoi qu’il arrive.
Ne pas donner son essence,
mais laisser l’autre venir à sa rencontre, et aller à la rencontre de la
sienne. Les mélanger au sein d’un terrain commun, le couple.
L’amour a ses propres
règles, où 1+1 = 3, soi-même, l’autre, et « nous ». Pas 1, une fusion
où l’un s’oublie complètement, ni 2, où chacun reste finalement étranger à
l’autre.
Si bien que chacun gardant
son identité, les désaccords peuvent apparaître, exploser, s’exprimer, se
discuter, sans pour autant faire disparaître, ou craindre de faire exploser le
terrain commun du couple.
La crainte n’évitant pas
le danger comme chacun sait, la disparition de la crainte non plus cela dit.
Si j’y réfléchis bien, 3
personnes ont le privilège (mais oui), de me voir en colère. Vraiment en
colère.
Mes enfants et mon homme. L’amour
envers et des premiers est indéfectible et inconditionnel, et j’ai suffisamment
confiance en mon homme pour savoir qu’il a les épaules pour cela et qu’il peut
aussi entendre « cette partie de moi ».
Je ne me fâche pas avec le
reste du monde. Le reste du monde m’importe peu, ne m’est pas essentiel. La
famille proche étant dans un autre cadre.
Oui mes hommes, petits et
grands, (en vérité je vous le dis ! ) : soyez heureux de connaître
mes colères (si si), car à vous seuls je laisse l’opportunité de me toucher
assez pour les provoquer, vous seuls connaissez toutes mes facettes, et vous
seuls détenez entre vos mains et en vos cœurs, la confiance qu’il me faut pour
me permettre d’être entière et authentique auprès de vous.
Une fois cela posé, vient
la question de la réciproque.
L’amour filial et maternel
n’était pas le sujet, j’en reviens à la relation amoureuse.
Je suis de celles qu’un
froncement de sourcils va immédiatement mettre en alerte. Autant dire que si la
voix de l’homme s’élève, et si je suis en tort, je me glisserais volontiers
sous le canapé si j’en avais la possibilité.
Mais comme il le souligne,
si parfois nous ne nous entendons pas, nous nous écoutons toujours.
Et même si sa colère peut provoquer la mienne dans une réaction de défense si je n’en
comprends pas immédiatement la raison, elle génère toujours à posteriori la
réflexion, et il en est de même pour lui. C'est aussi ainsi que nous avançons. Pas seulement heureusement, mais aussi.
Pour autant aujourd’hui,
généralement (encore un peu de travail à faire), je n’ai plus la crainte d’être "désaimée" dans ces moments.
D’autant que, la colère
étant la sienne ou la mienne, c’est lui qui mène la barque pour faire
redescendre la pression, puisque je perds la plupart du temps tout self contrôle
pour ma part, si l’on me « pousse » trop loin.
Il faut alors qu’il ait sacrément
le pied marin et sache naviguer lorsque c’est moi qui suis dans la tempête.
Mais Dieu, que je l’aime
lorsqu’il nous ramène au port.
Merci pour ces jolies mots...
RépondreSupprimerCa me rassure
tu écris tres bien