jeudi 4 juillet 2013

Il est temps d'aller lui dire ma poésie


Ce petit accident domestique qui a occasionné trois semaines de repos forcé, non moins apprécié cependant, me permet de m'adonner à l'un de mes sports préférés, la grasse matinée.

Oui, je suis très sportive.

Les loulous étant partis chez papa, rien, le matin, ne m'oblige à me lever tôt.

La chienne attend sagement les bruits annonçant que sa nonchalente maîtresse vient enfin de poser un pied par terre.

Et c'est avec délectation que je traîne au lit, un bouquin à proximité s'il me venait l'idée d'ouvrir l'oeil un peu trop tôt, pour m'inciter à traîner davantage, le nez dans son histoire, pelotonnée sous la couette.

La journée appartient à ceux qui se lèvent tôt, pas grave, je vous la laisse, je préfère la nuit.

Bien-sûr il est des façons plus agréables de profiter d'une grasse matinée, mais bon, on fait avec ce qu'on a n'est-ce pas, et en l'occurence.... un bouquin.

Il m'est arrivé d'être bien plus mal accompagnée.

Et puis l'heure tourne, et un soupçon de culpabilité pointe le bout de son nez, me faisant enfin me lever.

A défaut de bras aimants, ce sont les quatre pattes de la chienne qui trépignent de bonheur en m'apercevant enfin, alors que j'ouvre la porte du couloir, comme si chaque matin me ressuscitait.

Non, elle n'a pas dormi sur le canapé, c'est interdit, et je ne saurai jamais quel autre petit chien fantôme et farceur y fait chaque nuit ces traces de pattes et simule la trace de son corps là, tout contre le coussin...

En touchant l'empreinte, je découvre que les fantômes des petits chiens ont le corps chaud.

Elle fait semblant de n'avoir jamais goûté au moelleux du divan, je fais semblant d'y croire, un petit deal entre nous.

Je fais le tour de la pièce, ouvrant un à un les volets roulants, une boule de poils faisant une danse frénétique sur mes talons, le museau tendu vers sa version du paradis, mes bras.

Je lui offre le paradis, tout laissant entrer le jour de mon bras libre, et en évitant autant que possible ses démonstrations d'amour, visant mon visage.

Au passage, je fais semblant (encore) de ne pas voir le vélo d'appartement, sur lequel je regarderai plus tard (normalement...) défiler trop lentement ces maudites calories, non sans accompagner ma souffrance de quelque poésie ("putain j'vais mourir", "mais comment ils font pour aimer ça, faut être malade", "aaaarrrrggggghhhh", "j'en peux plus", "le chrono déconne c'est pas possible", etc).

Les quinze minutes (le premier qui dit "seulement ?" je l'explose) les plus longues de ma journée.

Je me risque à ouvrir la baie vitrée pour observer les gens pressés, quel bonheur de ne pas rejoindre leur course pour l'instant, prenant le risque de créer l'accident d'un automobiliste qui aurait aperçu le temps d'un regard, mes yeux hagards et mes cheveux emmêlés, -dans ma longue nuisette vaporeuse-, dans mon cycliste/débardeur envoûtants. (Ben oui, je vais normalement faire du vélo, pas défiler sur le podium).

Ma balance est de bonne humeur et m'annonce -2kg, c'est bien, elle n'aura pas de coup de pied aujourd'hui. A l'agonie (presque) chaque matin sur ce maudit vélo, elle a intérêt à se montrer conciliante.

Avec le soleil, ça fait deux bonnes nouvelles, le sourire tient à si peu de choses parfois.

Un café à la main, je jette un rapide coup d'oeil circulaire à la pièce. Ha oui quand même. Un jour, il faudrait que je range.

Pas moyen de mettre le désordre ambiant sur le dos des enfants (ben quoi, ils servent aussi à ça).

Cette chienne est vraiment désagréable (on fait avec ce qu'on a, bis).

Dehors, le voisin joue avec son fils, et j'ai une pensée pour le miens.

Pas la peine d'attendre un hypothétique sms de mon grand, il a le sms aussi monosyllabique que son père. Et je dois reconnaître qu'il a fait un superbe effort, alors qu'en lui disant au revoir je lui suggérais de m'envoyer un petit mot de temps en temps.

A peine avait-il fait 10m dans la voiture de son père, qu'il m'envoyait "salut tout se passe bien il fait beau bisou".

Voilà, ça c'est fait. Même pas au pluriel le bisou.

Cet enfant a le même humour que sa mère, on n'est pas rendus.

Un autre début de journée solitaire, mais le cœur léger aujourd'hui.

Il est des matins plus faciles que d'autres, où un rayon de soleil efface momentanément les absences, des enfants et des autres, qui tendent à prendre tellement de place habituellement.

Elles reviendront bien assez tôt.

Le vélo, lui, est toujours là.

Il est temps d'aller lui dire ma poésie.

 

5 commentaires:

  1. Merci Corinne,je me suis bien amusé avec ton billet de ce matin....c'est tendre et marrant tout a la fois,de presque voir en même temps que toi entrer les éclats de soleil par les persiennes.Ce fut encore une petit bijoux d'humour et de tendresse.Merci de ce privilège que j'ai eu de le lire.

    Le matin

    Ce matin le Soleil est de mon bonheur l'otage.

    Le Temps! Sage compagnon immuable,
    Accompagne et rythme le jour qui s'éveille !

    Un soleil d'or et d'argent,
    Flamboie dans le calme du matin !

    L'Astre héroïque dans son combat matinal
    Allié inlassable de l'heure qui jamais ne s'arrête
    Répand déjà ses feux d'or violacés.

    Il éclaire nos vies fragiles

    Et toi l'amie a la tendre nature
    Tu me réconfortes du sourire de l'aurore
    Qui ce matin est venue m'éblouir
    Du souvenir de ton coeur d'or et d'encens !

    Daniel

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  2. Ah, la grasse matinée...
    Quand on l'appelle, elle s'échappe, quand on peut en profiter à fond, elle devient pesante. Enfin, là je parle de mon cas, moi qui dois me lever à 6h30 six jours par semaine, pour apporter ma contribution bienheureuse au maintien du potentiel commercial de mon employeur. Quand retentit la sonnerie du réveil, ce que j'aimerais me rouler dans la couette en l'ignorant souverainement! Tout appelle au dodo: la douceur du matelas, la chaleur des draps, l'obscurité dehors, le silence ambiant. S'arracher de ses plumes dans de telles conditions, c'est comme rompre avec l'état foetal pour affronter la dureté du monde. C'est aussi traumatisant qu'une naissance, ça marque avec la même cruauté. Non, laissez-moi, je veux rester emmailloté dans mon bien-être, par pitié, ne m'arrachez pas de mon lit!
    A l'autre extrême, le week-end, je tâche de caser sur une soirée tout ce que mon horaire de la semaine m'a empêché d'effectuer: regarder un bon film, passer du temps sur le PC, mais aussi voir des gens, respirer du bon air campagnard, enfin, vivre quoi! Dès lors, je me couche super tard (ou super tôt, question de point de vue) et le chant des oiseaux me berce alors que je m'enfouis enfin sous la couette, bien repu de cette soirée rééquilibrante, avec l'idée (très) vague de sortir pour profiter de leurs chants, à tous ces petits êtres qui saluent le matin naissant à leur manière. Ils sont bien plus poètes que nous, qui tirons la gueule en posant nos pieds nus sur le sol, à la recherche de nos pantoufles, tandis que notre esprit conçoit et projette le rituel du matin: café, douche, et puis la clope aussi, pour certains.
    Et je dors... tellement longtemps, en fait, que les heures s'écoulent, la matinée s'étiole, et quand je me lève, le premier sentiment à me traverser est une épouvantable culpabilité: regarde tout ce que tu aurais pu faire de ta matinée, au lieu de la passer dans ton lit! Dès lors, les draps sont trop chauds, la couverture pique, le matelas me fait mal au dos. La grasse matinée, tant attendue, tant espérée, appelée de mes voeux, déifiée, respectée, aimée de toutes les forces de mon coeur pendant la semaine, devient une simple galère culpabilisante, témoin du laisser-aller dans lequel j'aime me vautrer quand je n'ai rien de mieux à faire. Mais ne me jetez pas la pierre: tout le monde aspire au relâchement de temps à autre, et si on se sent si coupable d'y céder, c'est certainement parce que ces petits plaisirs condamnables font tout le sel de la vie.
    Mais quand j'aurai un gosse, ça ne m'empêchera pas de lui faire la morale s'il joue trop souvent les marmottes!


    Khaal

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  3. très beau,très doux,je suis plus désordre que vous dans mes post,moins courageux sans doute,j'ai aussi plusieurs communautés ou groupes que ce soit ici ou sur Facebook,pour les blogs je suis revenu a Blogger plus propre plus facile d'utilisation,
    bonne journée a bientôt, ici ou là

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  4. Je vous comprend parfaitement, du coup j'ai acheté une moto !!! Encore belle écriture sur un sujet des plus banal qui le rend léger et agréable à lire, merci

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